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chaine, et mieux valait qu il pût s éloigner de l écueil pendant le jour. Près de huit cents barils à remonter de la cale, cela exige du temps, sans parler de la fatigue. Vers cinq heures, une moitié de la besogne était faite. La marée ayant déjà gagné de trois à quatre pieds, il semblait bien que le Saint-Enoch, en partie allégé, aurait dû s en ressentir, et aucun mouvement ne fut senti& « On dirait, le diable soit !& que notre navire est cloué à cette place !& dit maître Ollive. Et ce n est pas toi qui le décloueras !& murmura Jean- Marie Cabidoulin. Tu dis& , vieux ?& 198 Rien !& répliqua le tonnelier en lançant un des barils vi- des à la mer. D autre part, l espoir auquel on s était attaché que les va- peurs se dissiperaient ne s était pas réalisé. La nuit menaçait d être doublée de brumes. Si donc son navire ne se dégageait qu à la marée prochaine, le capitaine Bourcart serait fort gêné pour le sortir de ces dangereux parages. Un peu après six heures, alors qu une demi-obscurité en- vahissait déjà l espace, des cris se firent entendre en direction de l ouest éclairé de vagues lueurs. Maître Ollive, posté sur le gaillard d avant, rejoignit M. Bourcart au pied de la dunette. « Capitaine& écoutez& écoutez& , dit-il. Tenez& par là& il semble bien& Oui& on appelle !& » ajouta& le lieutenant Coquebert. Un peu de tumulte se produisit parmi l équipage. « Silence ! » ordonna M. Bourcart. Et chacun de prêter l oreille. En effet, des appels, encore éloignés, arrivaient jusqu à bord. Nul doute qu ils ne fussent adressés au Saint-Enoch. Une clameur leur répondit aussitôt sur un signe du capi- taine Bourcart ! « Ohé !& ohé !& par ici& » 199 Étaient-ce les indigènes d une terre ou d une île du voisi- nage venus sur leurs embarcations ?& Ne s agissait-il pas plutôt des survivants du Repton ?& Leurs pirogues ne cherchaient- elles pas depuis la veille, au milieu de cet intense brouillard, à rallier le baleinier français ?& Cette hypothèse, la plus vraisemblable, était la vraie. Quelques minutes plus tard, guidées par les cris et par des détonations d armes à feu, deux embarcations vinrent élonger le Saint-Enoch. C étaient les pirogues du Repton, montées par vingt-trois hommes, compris le capitaine King. Ces pauvres gens, exténués de fatigue, tombaient d inanition n ayant pas pu embarquer des vivres, tant la catas- trophe avait été soudaine. Après avoir erré pendant vingt-quatre heures, ils mouraient de faim et de soif& Les survivants du Repton furent recueillis et accueillis par M. Bourcart avec cette politesse dont il ne se départait jamais, et bien qu il n eût point à se louer de leurs procédés antérieurs. Avant d interroger le capitaine King, avant de lui demander dans quelles circonstances son navire s était perdu, avant de lui faire connaître la situation du Saint-Enoch, M. Bourcart donna ordre de servir à manger et à boire à ses nouveaux passagers. Le capitaine King fut conduit au carré, les matelots des- cendirent dans le poste. Treize hommes manquaient à l équipage du capitaine King, treize, engloutis dans le naufrage du Repton ! 200 Chapitre XIII Un écueil qui remue Lorsque le capitaine King et ses compagnons avaient accos- té le Saint-Enoch, la brume était si épaisse que, si les cris de ceux qui montaient les pirogues n eussent point été entendus, celles-ci auraient passé au large de l écueil. À descendre vers le sud, les Anglais ne pouvaient rencontrer ni la côte asiatique ni la côte américaine. En admettant même que le vent eût dissipé le brouillard, comment eurent-elles franchi des centaines de mil- les vers l est ou vers l ouest ?& Et, d ailleurs, sans biscuit pour apaiser leur faim, sans eau douce pour apaiser leur soif, avant quarante-huit heures il ne serait pas resté vivant un seul des naufragés du Repton !& Le Repton, en officiers et matelots, avait un total de trente- six hommes. Vingt-trois seulement s étaient jetés dans les em- barcations, et, en les ajoutant au personnel du Saint-Enoch, di- minué depuis la mort du matelot Rollat, on obtenait le chiffre de cinquante-six. En cas qu il ne parvînt pas à renflouer son bâti- ment, quel serait le sort du capitaine Bourcart, de ses anciens et de ses nouveaux compagnons ?& Même dans l hypothèse qu une terre, continent ou île, ne fût pas très éloignée, les em- barcations du bord ne pourraient les prendre tous !& Au pre- mier coup de vent, et ils sont fréquents en ces parages du Pa- cifique, le Saint-Enoch, assailli par les lames monstrueuses qui se briseraient sur cet écueil, serait démoli en quelques mi-
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